Les JO de Rio 2016 vus par Maxime Beaumont
En cette fin mars, au moment où je me qualifie pour rejoindre le collectif course en ligne en préparation pour les JO de Paris, je prends un moment pour vous parler de mon parcours.
J’ai 42 ans en 2024 et ma carrière internationale senior a commencée il y a 20 années par une participation aux championnats du monde 2005 à Zagreb en K4H 500 m où nous terminerons 9es. Actuellement, je comptabilise en moyenne deux finales mondiales ou européennes par années de carrière. Je suis le doyen et je vise une 4e participation aux JO.
Jusqu’en 2010, j’apprends le « métier » en K4 puis en K1 avec cinq finales au compteur. Quand le 200 m arrive au programme des JO vers 2010, j’adopte cette distance qui me plaît. Le sprint court existait déjà depuis 1994 aux championnats du Monde et depuis 1997 aux championnats d’Europe (CE). Dès lors, un titre européen et des médailles (12) ou des pieds de podium (5) se sont enchaînés en monoplace et en biplace sur cette distance et en biplace et quadriplace sur 500 m. Après une médaille européenne collective en 2022 hyper-stimulante suivie d’un échec cuisant aux CM 2023, le tout en K4 500 m, j’ai dû corriger mes objectifs en vue de 2024. Je viens de me sélectionner aux piges françaises. Une nouvelle étape devra être franchie en compétition internationale. Verdict mi-mai 2024.
RETOUR EN ARRIÈRE
J’ai commencé en septembre 1991 au club de Boulogne-sur-Mer. En août 1992, un certain Didier Hoyer, Boulonnais comme moi, est revenu tout auréolé de sa médaille de bronze obtenue en C2 1 000 m aux Jeux de Barcelone. Cela m’a impressionné. Devenu entraîneur, il m’a conseillé. Je buvais ses paroles ! J’ai vite rêvé de devenir champion olympique sans mesurer les efforts qu’il faut déployer juste pour s’en approcher…
Le club de Boulogne était orienté canoë. Les conseils techniques adaptés au kayak étaient limités. De 2003 à 2005, j’ai choisi d’intégrer le pôle espoirs de Lille avec Emmanuel Voynet comme entraîneur et ça a marché. On s’entendait bien. On était une dizaine à l’entraînement dont trois ou quatre kayaks homme. Je suis entré en équipe de France U23 dès la première année. Une marche était franchie.
Le temps des galères… En 2006, j’ai voulu rejoindre le pôle de Vaires-sur-Marne pour progresser encore. Ce fut une catastrophe. J’étais étudiant à l’INSEP avec des horaires contraints qui m’ont marginalisé en tant que kayakiste. Je n’avais pas de voiture, alors comment rejoindre le bassin de Vaires situé à 25 km ? Il n’y avait pas de système de navette comme aujourd’hui. Je suis donc revenu une année à Lille et, finalement, je suis retourné dans mon club à Boulogne entre 2007 et 2010. Financièrement, j’étais exsangue, j’ai dû travailler dès 2007 en tant que moniteur grâce à mon Brevet d’État d’Éducateur Sportif (BEES 1). Je devais 35h, j’ai donc essayé de m’entraîner le midi et le soir. Je m’accrochais à mon rêve olympique. Dans cette période, j’étais limite et toujours l’un des derniers retenus en équipe de France.
Lorsque Didier Hoyer (notre double-médaillé olympique 1984-92 en C2) devient président du club de Boulogne, j’ai pu négocier un mi-temps de septembre jusqu’aux sélections en équipe de France. Le deal était le suivant, si je me qualifie, on reste sur un mi-temps aménagé. Cela a fonctionné, merci de m’avoir fait confiance. J’ai pu ainsi passer un nouveau cap qui m’a permis de m’exprimer à l’international et de trouver des sponsors. Côté salariat, on a réussi à monter une convention d’insertion professionnelle (CIP) avec les collectivités locales entre autres.
Les compétitions, but ultime. Une préparation méthodique et assidue comme seule solution. J’ai fait ma première compétition internationale en Belgique en K4. On s’est pris une claque. C’est là que tu mesures les secondes qu’il te manque pour matcher devant. Cela m’a amené à réfléchir pour comprendre comment s’améliorer. J’aurais pu renoncer mais cette option n’a jamais été la mienne. Positivons : il me manquait une approche qualitative et technique de l’entraînement car au début, j’étais plutôt physique, un peu « brut de décoffrage ». J’y suis allé progressivement : d’abord plus de qualitatif – ce qui m’avait manqué lors de l’initiation (les fondamentaux) – avec ensuite une augmentation de la quantité de travail. En bateau, j’ai dû déconstruire-reconstruire ma façon de pagayer. Même démarche en musculation pour éviter les blessures.
Je me souviens qu’en 2003, en catégorie U23, on a battu le K4 senior qui préparait les JO d’Athènes. Aussi, les coachs ont décidé de mettre en concurrence les deux K4H. On les a de nouveau battus ; ce qui nous a qualifié aux championnats du Monde senior programmés un mois plus tard. Cette période excitante m’a réellement fait progresser et donner confiance. A l’international, j’ai surtout été sélectionné en K4 jusqu’en 2010. Pour le monoplace, j’ai dû être patient car mes premiers essais internationaux en K1H 1 000 m ou 500 m commencent vraiment en 2010. Le 200 m, arrivé aux Mondiaux en 1994, n’avait pas encore intégré le programme olympique. Cela n’arrivera qu’en 2012.
Pour développer « la caisse », le foncier, beaucoup pratiquent le ski de fond l’hiver. Moi, je n’en ai pas fait beaucoup surtout quand j’ai commencé à me spécialiser sur le sprint court (200 m).
Plus tard, après les Jeux de Rio, j’ai essayé de ne pas couper complètement le kayak l’hiver car depuis quelques temps en décembre et janvier on mettait l’accent sur la musculation voire sur l’ergomètre. Pour retrouver rapidement de bonnes sensations en bateau au retour de la saison précompétitive, j’ai essayé de garder ce rythme, deux séances / semaine comprenant un travail de vitesse et de puissance aérobie sur l’eau.
J’ai été plusieurs fois blessé, toujours dans les activités complémentaires au bateau (course, sport co., vélo…) souvent bêtement (dans l’escalier). Les excès ou les tests physiques en musculation, lorsqu’ils étaient standardisés et inadaptés à mon niveau en junior (ex. développer 50 kg en répétitions max. sur 2 mn) pouvaient me provoquer des tendinites aux épaules.
LE RÊVE OLYMPIQUE SE CONCRÉTISE PEU À PEU
De précieux conseillers. D’abord Christophe Rouffet, directeur des équipes de France à l’époque, m’a proposé d’opter pour le K1 1 000 m avec pour objectif de prendre de l’expérience avant de me spécialiser plus. Au début, j’ai pris ça comme une punition mais ça a marché. Puis François During avec qui on a bien travaillé. Bien sûr il y en a d’autres, j’en oublie sûrement, pardonnez-moi… Ne serait-ce que mes proches et amis qui m’ont encouragé ou mes adversaires qui m’ont poussé hors-limites. La préparation mentale m’a bien aidé aussi. Bref, tout cela m’a bien fait progresser jusqu’à devenir finaliste en 2010 aux championnats européens et mondiaux. Je suis alors classé en élite sur les listes ministérielles et cela m’ouvre de nouvelles opportunités.
LES JO DE LONDRES EN 2012
Avant ces Jeux, l’équipe de France avait une dominante 1 000 m en K1, K2 et K4 alors qu’en 500 m c’était juste K1 et K2. Le bateau-phare était le K4. En 2010, le K4 français a réussi l’exploit d’être champion du monde. Il était composé d’Arnaud Hybois, Sébastien Jouve, Étienne Hubert et Philippe Colin. À cette époque, ma progression en monoplace me cantonnait plutôt dans cette catégorie pourtant, en 2011, on a essayé de construire un nouveau K4 pour aller chercher un quota olympique. Ça n’a pas marché. J’ai donc choisi de revenir au mono pour préparer les sélections en équipe de France. J’étais gonflé à bloc, sans doute trop, je me classe 7e sur 500, très loin de mes espérances.
François During, le coach, a su me rassurer et, sur ses conseils, je me suis réorienté vers le K1 200 m. Je tiens à rappeler qu’à Londres les courses de 500 m (sprint long) ont été remplacées par du 200 m (sprint court). C’était une nouvelle opportunité. Ma curiosité naturelle m’a amené à essayer d’innover. J’étais très impliqué et j’étais souvent force de proposition. J’ai toujours bien aimé la vitesse du fait de mes qualités d’explosivité. C’était l’année d’un championnat du monde qualificatif pour les Jeux de Londres (vous savez, la « pêche aux quotas »). Tout en conservant la trame d’entraînement du 1 000 m, on a donc ajouté des séances spécialisées sprint court. Tant et si bien qu’au Mondial, je termine au pied du podium à 3 centièmes et j’obtiens un quota olympique. On était sur la bonne voie…
Aux JO de Londres, je fais de nouveau quatrième en finale à 3 centièmes du bronze olympique (15 cm) et 15 centièmes de l’argent (75 cm). Pour gagner, il m’aurait fallu grignoter coup par coup mon retard d’environ 220 cm à l’arrivée soit environ 2,5 cm par coup de pagaie. Rageant mais, vu comme ça, pas impossible ! Tout se joue au centimètre, je cherche encore les erreurs qui me prive d’une médaille. On va en conclure que les autres étaient plus forts et en rester là. Après avoir digéré, j’ai dû me remettre en question. Les conséquences n’étaient pas négligeables car, avec une quatrième place, tu restes anonyme et les partenaires potentiels ne se bousculent pas…
LES JO DE RIO EN 2016
Pour préparer au mieux les prochains JO (Rio 2016), viser l’objectif ultime et donc aller chercher l’or olympique, j’ai dû aller chercher très activement des partenaires. Comme mon niveau sportif s’était quand même élevé, ma valeur marchande aussi. Par un effet quasi-automatique ma convention d’insertion (CIP) a évoluée à la fois financièrement et en termes d’aménagement et de réduction du temps de travail.
UNE MÉDAILLE OLYMPIQUE À RIO ?
Cette olympiade a été formidable sur le plan sportif. Sur chaque finale j’étais médaillé surtout en K2 :
– 2013, année post-olympique, je délaisse le K1 pour le K2. Avec Sébastien Jouve, on est médaillé au championnat d’Europe (3es en K2 200) et au championnat du monde (3es en K2 500 et 4es sur le 200).
– 2014, on est médaillé aux Europe (2es en K2 500 et 5es sur 200) et au championnat du monde (3es en K2 200). Aux mondiaux, en K1, on ramène également l’argent en relais 4 x 200 m. On reste donc très performants aussi en monoplace.
– 2015 année qualificative pour les JO, je gagne le K1 200 sur deux coupes du monde. Cela m’amènera à courir aussi le K1 200 aux championnats du monde. Je ferais 2e en K1 et nous ferons 4es en K2 avec en bonus des quotas olympiques.
Cette olympiade brésilienne portera ses fruits du fait de ma retentissante médaille d’argent olympique en K1 200 obtenue à Rio mais le bilan sera mitigé puisqu’avec Sébastien, nous ne terminerons que 7es en K2 alors que nous espérions fort logiquement une médaille. Les courses de K2 ont précédé celles du K1. Cela dit, je ne termine qu’à 16 centièmes du titre convoité en K1 (80 cm), c’était rageant. Déception passagère car, contrairement à Londres, je ne rentrais pas bredouille. La déception s’est aussi estompée quand j’ai aperçu mon fils heureux et fier de son père au moment de la remise des médailles. Je tiens à préciser qu’en K2 nous n’avons pas démérité car nous ne concédons que 62 centièmes aux vainqueurs espagnols. Il y avait 7 bateaux en une ½ longueur. Le podium n’était qu’à 32 centièmes (1/4 de bateau). Cela tient à peu de choses. Dans des conditions aussi concurrentielles, on ne contrôle rien, on est à fond et on attend le verdict à l’arrivée…
Pour préparer ces Jeux, on a fait tout notre possible. Perfectionnistes, on a cherché les moindres détails qui pourraient faire la différence grâce au brainstorming. Notre crédo : ne pas procrastiner, stresser ses habitudes et sortir de sa zone de confort. Par exemple, on est allé en piscine pour tester la qualité de nos départs. En préparation mentale, on a travaillé à l’INSEP nos préférences motrices avec Ralf Hyppolyte. On a essayé de mieux se comprendre en évaluant nos réflexes archaïques. Personnellement, je lisais beaucoup. J’essayais d’être bien dans tous les domaines. C’était devenu obsessionnel. Je pense avoir été trop dans le contrôle. En réaction, pour Tokyo, j’ai essayé de me limiter à mes acquis mais je ne pense pas avoir complètement réussi.
Mes principales ressources. Après Rio, je suis allé chercher des sponsors. Ma tactique : me faire inviter en tant que VIP à un match de foot ou de basket professionnel. Dans ce milieu, il y a un vivier de chefs d’entreprise ou de personnalités, autant de sponsors potentiels. En discutant autour d’un cocktail, on accroche facilement sans le filtre de la secrétaire. Tu sympathises assez facilement et la suite dépend de ta force de conviction. Je me suis constitué un réseau. Pour moi, ce fut facile dans les deux ans qui ont suivi la médaille. Mon parcours parsemé d’obstacles les touchait. Ma notoriété s’est réduite avec le temps. Aujourd’hui, j’en passe par des commerciaux qui négocient mon image en se rémunérant sur les gains.
LES JO DE TOKYO EN 2020 — REPORTÉS EN 2021 À CAUSE DU COVID
La vie d’un olympien n’est pas un long fleuve tranquille. Entre Rio et Tokyo, j’ai cumulé les difficultés : blessures, problèmes personnels et professionnels. J’ai commencé à douter de mes capacités sur le sprint court. J’ai effectué divers tests pour savoir quelle épreuve pourrait me donner l’occasion de décrocher une nouvelle médaille. Pour moi, lorsque les JO ont été reportés d’un an à cause du Covid, ça a été un soulagement. Je ne me voyais pas préparer les JO avec un confinement strict. Cela nous a laissé plus de temps pour nous préparer. Puis, je me suis blessé. Depuis, je n’ai pas retrouvé les bonnes sensations d’avant.
J’ai donc essayé de m’appuyer sur mes points forts et mes acquis. J’ai quand même testé le yoga pour améliorer mon gainage et ma souplesse. J’ai aussi apprécié la méthode de Joseph Pilates pour tonifier mon corps, corriger les postures et optimiser le transfert des forces propulsives au bateau. À la réflexion, c’est une technique qui me semble bénéfique pour apprendre à bien utiliser ses muscles. Pour finir, je me suis fait des petits mémos sur la préparation mentale notamment pour rester concentré sur moi ou pour effectuer de la visualisation mentale couplée à un travail de proprioception.
Mes courses en K1 200. Rien d’extraordinaire. La demi-finale m’a été fatale, je n’ai pas su hausser mon niveau. Dix adversaires réalisent un meilleur chrono. Je passe donc en finale B que je gagne avec un chrono qui m’aurait valu la 8e et dernière place en finale A. J’étais à mon niveau mais tout se joue de très peu. Déception.
Un contexte très particulier à Tokyo. J’ai bien vécu mes troisièmes Jeux parce que je n’avais pas d’appréhension particulière liée au Covid. Je me sentais en sécurité car les Japonais avaient vraiment mis en place des procédures strictes et rassurantes. Il n’y avait pas de public, pas de média et des protocoles sanitaires quotidiens… Au réfectoire, il y avait un plexiglas entre chaque personne, à la salle de musculation, les ateliers était bien séparés. Les déplacements se faisaient obligatoirement en bus… Tout avait été fait pour que ça se passe bien. Globalement, les gens étaient très sympathiques pour ceux qui appréciaient l’événement. Pour le côté anecdotique, il y avait aussi des personnes prêtes à te photographier si ton nez dépassait du masque…
Mais, les JO, c’est un événement énorme à ne pas rater. Malgré ce contexte particulier, il convenait de rester lucides et concentrés sur l’objectif.
EN ROUTE POUR PARIS 2024
Le K1H 200 ne sera plus au programme des Jeux à Paris. Je devais donc faire le bilan de l’olympiade passée et me laisser le temps de la réflexion. J’ai aussi décidé de terminer la saison puis de faire un break relatif jusqu’à la nouvelle année. J’avais aussi envie de courir un marathon, 42 km pour voir pendant que je suis en forme.
À ce stade, j’avais acquis des compétences d’entraîneur qui auraient pu intéresser la fédération. Mais cela méritait mûre réflexion car, pour que je puisse m’investir corps et âme dans un projet de performance, ça implique que le système soit compatible avec mes valeurs et mes convictions. Bref, la question de ma retraite sportive ne se pose toujours pas donc, après le relatif échec de Tokyo, c’est le projet fédéral de construire un K4 médaillable aux Jeux de Paris qui devait de nouveau me relancer. Nous disposions de 3 ans pour construire un équipage performant. Mais voilà…
« Anatomie d’un échec ». Voilà comment on a échoué dans notre projet de K4 pour Paris 2024. Nos performances de 2022 nous ont sans doute aveuglés.
Donc, aux championnats du monde à Halifax, nous réalisons une belle finale en terminant 6es sur 500 m à moins de 1″8 de l’or. Les 3 premiers bateaux se tenaient en 6 dixièmes et les 9 finalistes en 2″5. Autant dire que c’était serré. Quatre nations européennes nous précédaient. Donc, un mois plus tard, lors du championnat d’Europe à Munich, nous pouvions logiquement espérer gagner au moins une place. Nous en avons gagné 3 et presque 4 puisque nous remportons le bronze à seulement 2 centièmes (15 cm) de l’argent.
On en est sorti gonflés à bloc. En revanche, pour la suite, notre excès de confiance nous piégera. La suite sera en effet catastrophique puisqu’aux CM 2023 à Duisbourg qualificatif pour les JO, nous n’obtiendrons qu’une 16e place (7es en finale B). Autant dire que le quota tant espéré pour le K4 s’était brutalement volatilisé. Ce fut traumatisant. D’ailleurs, je ne m’explique toujours pas un tel échec car l’équipage était soudé autour du projet et très motivé.
En cette fin mars 2024, au moment où je me qualifie individuellement pour rejoindre le collectif course en ligne en préparation pour les JO de Paris et au moment où je rédige ces lignes, je ne sais pas encore ce que me réservera le « tournoi de qualification olympique » organisé en mai. J’espère une chose, c’est que les kayakistes français trouveront leur place à Paris. Rendez-vous début août.
J’allais oublier mes choix matériels. Je me fournis chez NELO depuis longtemps. J’ai évolué avec eux. Aujourd’hui, je navigue en NELO Sete. Je ne sais pas vraiment évaluer l’influence du bateau mais j’ai bien progressé sur ces modèles et je m’y sens bien. C’est en 2019 que j’ai réalisé mon meilleur chrono sur 200 m : 33″85 soit un peu plus de 21 km/h. Ma meilleure vitesse max. était d’un peu plus de 23 km/h. Cela me situe en moyenne autour des 6 m/s soit 1 bonne longueur de bateau à chaque seconde. J’utilise un instrument de mesure embarqué intégrant des capteurs dont un GPS ultraprécis qui permettent de relever de nombreux paramètres utiles pour optimiser la navigation. J’ai essayé le « motionize » qui se fixe sur la pagaie et communique avec ton smartphone. Je me suis aperçu que mon coup de pagaie n’était pas symétrique alors que la puissance dégagée l’était ce qui est l’essentiel (à relativiser en équipage).
Côté pagaie tout carbone, j’ai commencé sur une Braca IV de chez Braca-sport. Ensuite, je n’ai fait qu’augmenter la longueur et la taille de pale. J’utilise maintenant une Braca I de 805 cm2 (min).
Côté ergomètre kayak, j’ai utilisé un Dan’s Sprint avant le confinement puis un KayakPro qui est encore dans son emballage. Je n’ai pas trop aimé. J’avais plutôt opté pour la machine à pagayer de Franck Le Moel dans la perspective d’un nouveau confinement ou d’une interdiction de naviguer. Pour moi, avec ces machines, tu risques vite de perdre tes repères techniques et tes sensations. En réalité, je préfère naviguer sur l’eau même en cas de tempête.
POUR CONCLURE
J’aimerais donner quelques conseils aux futurs champions : il ne faut rien négliger, le physique, le mental, le matériel et la technique. Ainsi ta progression sera optimale. Pour cela, il faudra persévérer, encaisser les échecs et savoir s’en relever. Se méfier des réussites qui pourraient te donner l’idée que tu es intouchable. Te remettre sans cesse en question et au travail.
Maxime Beaumont (avril 2024)
Témoignage recueilli par Jean-Paul Cézard
Les témoignages n’engagent que leurs auteurs
Une carrière remarquable (Nicolas Kohlhuber pour olympics – mai 2023), extraits : « Les années et les saisons internationales passent, mais le quadragénaire prend toujours autant de plaisir à naviguer et à travailler avec son staff. C’est cette ambiance qui lui sert de moteur et l’incite à poursuivre sa carrière jusqu’aux Jeux olympiques de Paris 2024. Les JO de Londres 2012 devaient être sa dernière compétition mais après avoir terminé quatrième à 3 centièmes du podium, le Français avait décidé de repartir sur une olympiade. Sa reconversion dans le rôle d’entraîneur était déjà prévue après Rio 2016, mais là aussi, le programme a changé à cause de sa performance aux JO, un podium. Mais se contenter de la médaille d’argent en étant passé à 0,165 seconde du titre ne lui suffisait pas. Maxime dira : « après Rio, j’avais envie d’aller voir ce qu’il y a encore au-dessus de l’argent, c’est pour ça que j’ai rempilé pour Tokyo mais, là encore, ma 9e place en K1H 200 m ne pouvait me satisfaire »… »