Les Jeux olympiques de Rio 2016 vus par Sébastien Combot

Portrait de Sébastien Combot — photo FFCK

Sébastien Combot est né en 1987 à Landerneau en Bretagne. Il commence le kayak à 9 ans,  suite de la découverte du stade d’eau-vive de Lannion. Sébastien s’est vite révélé comme un futur slalomeur de très haut niveau. Il obtient sa première médaille internationale aux championnats d’Europe junior en 2005 et devient champion du monde en kayak individuel dès 2007 au Brésil. Dans le contexte français très dense en kayak homme, il n’obtient pas sa qualification pour les JO de Pékin de 2008 face à Fabien Lefèvre, ni pour Londres en 2012. Son podium aux mondiaux de 2014 va le relancer et sa victoire aux piges 2016 pour les JO de Rio à quelques centièmes devant Boris Neveu lui apporte la réalisation de son objectif premier : performer aux JO. Il y atteindra la finale et se classera 8ème. Depuis 2013, il travaille pour la Communauté d’Agglomération de Pau Pyrénées en tant que chargé de mission évènementiel.

« Les JO, c’est l’objectif de 2016, avant il y a 2015 avec un championnat du monde londonien et après il y a un méga championnat du monde à Pau » (réflexions de Sébastien Combot en 2014), mais «pour savoir ce que c’est les JO, il faut aller les voir avant » (Jean-Yves Prigent), susciter l’envie, rêver, pour tout faire ensuite pour aller chercher du bout de sa pagaie ce ticket olympique si rare.

 

 

 

Ce que je retiens des « JO de Rio »

Les stages de préparation

L’objectif lors de la saison 2015-2016 était de trouver des repères à Rio (hébergement, restauration, divertissements, calme…). On a essayé plusieurs solutions d’hébergement (hôtel aseptisé, maison typique…), de restauration (continental, food course…).
Globalement il régnait à Rio une sensation d’insécurité, renforcée par la présence de char d’assaut sur le bord des routes et des contrôles routiers des forces de l’ordre à l’arme lourde !
Nous avons fait des visites (Corcovado en trail, le Pain de sucre, les plages…)
Les entraînements de préparation à Rio se sont déroulés dans de bonnes conditions : un stade d’eau-vive complet, même s’il y avait des réglages de configuration de plots dont on a beaucoup parlé pour optimiser la rivière artificielle.
Le deuxième bassin d’entraînement était super sympa et utile.

Sébastien Combot et  et Marie Zélia Lafont  devant le bassin de Déodoro. — Photo coll S. Combot

 

L’arrivée aux Jeux olympiques

C’est une organisation particulière : on a plus d’accompagnants dans le staff (8 personnes) que d’athlètes (5 athlètes pour 4 catégories) en canoë-kayak et on utilise des transports en commun JO entre le stade et le village olympique. Les trajets sont très longs. On mange dans une hall immense, on croise que des méga champions dans tous les sens !

En canoë-kayak slalom, on court la première semaine de la quinzaine, donc on arrive dès l’ouverture du village olympique, on découvre les appartements, les lits, on fait le tour du village et de ses très nombreux services. C’est notamment là que l’on comprend pourquoi c’est une si grosse machine.
On reçoit les derniers briefings du CNOSF par rapport à la bonne attitude sur les réseaux sociaux, la règle 40 des JO…

Assez vite on bascule de l’euphorie de toutes ces découvertes, car ce sont des découvertes (!), vers l’organisation pour s’adapter à ce contexte. On a beau s’y être préparé, quand c’est la première fois, on est loin, très loin de s’imaginer le gigantisme de l’évènement.
Tant la grandeur des espaces (comme le restaurant olympique) que l’engouement des supporters vous embaume. Les supporters français soutiennent tous les sportifs français comme s’ils les suivaient depuis toujours ! C’est vraiment tout un pays qui vous pousse, on le sent, c’est génial !

Le groupe français de la Tribu présent à Rio. — Photo coll. S. Combot

 

La cérémonie d’ouverture

Un autre moment marquant aura été l’entrée dans le Maracana pour la cérémonie d’ouverture, non pas la longue attente préalable dans les serpentins, vraiment trop longue, mais ce moment où tu rentres dans l’arène et découvre ces paillettes, cet engouement, ça m’a marqué. Ça m’a permis de mieux comprendre l’exaltation des joueurs de foot lorsqu’ils marquent un but dans un stade de cette dimension au bord de l’ébullition !

Le groupe slalom avant la cérémonie d’ouverture. — Photo coll. S. Combot

 

Les courses olympiques

Nous voici la veille des courses, c’est l’heure de la découverte du parcours, de ses modifications de dernière minute face au désaccord des représentants des délégations envers la première version du parcours. La pression est palpable. Nous avons fini l’analyse du circuit de nuit, car le parcours n’était pas éclairé !

Les JO c’est un nombre limité de participants et des courses étalées sur plusieurs jours avec des départs très espacés entre les concurrents, ce qui signifie beaucoup d’attente. C’est une vraie spécificité des JO.

Les compétitions ont commencé par les canoës monoplaces. Denis Gargaud-Chanut va chercher l’or au bout d’une manche mémorable. Il ouvre le compteur de l’équipe de France.

L’arrivée de Denis Gargaud Chanut après sa course victorieuse. — Photo FFCK Balint Vekassy

Mon niveau était, depuis 2 ans, autour du top 10 mondial sur les grandes échéances. Je connaissais les jours de grande forme, les jours sur la retenue, les jours difficiles ou encore les jours normaux !

Je dirai que ma performance sur l’eau était dans le contrôle, bétonnant des manches solides, mais au détriment de l’étincelle qui peut vous faire voler sur l’eau, entre la maîtrise et le lâcher prise.

Une belle tribu de kayakiste français avait fait le déplacement. C’était un vrai plus de se sentir encouragé par les siens et de discuter avec les amis, la famille.

À la fin de la compétition, je termine à la 8e place des JO de Rio 2016 comptabilisant une petite touchette en finale, m’écartant du top 5, mais qui représentera plus ou moins mon niveau mondial cette année-là.

Je suis donc un peu frustré de ne pas avoir fait mieux mais conscient que je suis globalement à ma place.

 

Après les courses des Jeux à Rio

La suite est intense, nous devons laisser nos appartements aux athlètes qui concourent les jeux la deuxième semaine. Nous n’avons qu’une poignée de jours avant notre retour en France pour profiter des JO : encourager les coéquipiers du ck slalom et du reste de l’équipe de France olympique. Pour moi ce sera notamment athlétisme, escrime, handball, cyclisme sur piste…

J’ai eu l’occasion de profiter du Rio olympique avec ma famille. C’est une chance.

Le retour en France est chaleureux, retrouver les amis, la famille, regarder la fin des JO à la TV en toute simplicité avec les siens.

 

L’apport des JO dans « ma vie d’après »

Qu’est-ce qu’il en reste 8 ans après, à la retraite sportive ? Je garde de cet évènement, une très belle aventure en comité restreint où l’on cherche à tout peaufiner au maximum, une fête du sport hors du commun dans toutes ses extrêmes et de tous ses défis, un formidable soutien patriotique !

J’ai une pensée pour tout le staff qui a, lui aussi, donné le maximum sur cette échéance et durant sa préparation : Philippe Graille, Bertrand Daille, Philippe Lageyre, Vincent Redon, Thierry Saïdi, Benoit Peschier, Didier Baylacq et une pensée bien particulière pour notre kiné Pascal Castets.

Sébastien Combot (Février 2024)

Témoignage recueilli par Sylvaine Deltour

 

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